L’on ne peut vivre et sentir vibrer et résonner en soi le principe de ce qui est appelé Amour que lorsque l’on est entièrement capable de s’aimer seul et entièrement libre d’être intégralement soi même parce qu’il n’y a que lorsque l’on est détaché de toute appartenance à un modèle, race, clan, fonction, polarité ou désir que l’on peut entrevoir ce que l’on peut nommer le principe d’altérité, jusqu’à ce temps là, il n’y a pas encore la naissance de l’autre, il n’y a que le moi, l’idéal et ses reflets.
Et il n’y a que lorsque une identité réelle est intégrée au niveau fondamental et qu’il y a donc capacité de la supporter pleinement et d’en reconnaitre les contours qu’il y a possibilité d’offrir la liberté à l’autre d’être aussi pleinement libre de s’intégrer dans son propre espace, alors le besoin de corriger, de réduire, de ramener, de comparer, de moquer, de fantasmer, de commenter, d’obliger à ses propres exigences, morale, désirs, mesures, concepts, pulsions ou habitudes et qu’il réponde – par un rendement positif – à la représentation interne du propre plaisir aléatoire de sa réalité ne domine plus l’individu et ne domine donc plus la relation, il n’y a plus alors projection mais rencontre.
Et il devient possible à ce moment là de simplement entendre, non pas écouter ou discuter ni l’absorber encore moins argumenter ou débattre mais l’entendre sensiblement donc de le percevoir dans sa vibration souveraine et jusque dans les silences, dans la vulnérabilité et la force de ce qu’il est en l’instant, sans l’enfermer dans une forme fixe, sans l’achever de la réponse fermée d’un jugement définitif – au delà du réflexe de l’agresser pour maladroitement parvenir à l’auto-justification biaisée d’un moi subjectif privé d’amour et de sagesse – en ne le ramenant plus systématiquement vers ses propres normes, références, statuts, croyances, réussites ou échecs, en le tirant encore une fois de plus vers sa propre expérience, vers le connu, le limitant à ne vivre qu’une facette concevable, désirable, acceptable et encore assimilable de ce que devrait être la vie mais que ne pourra jamais être réellement le vivant qui comprend aussi bien le vibratoire que le corpusculaire…
Alors à ce moment là par la perception de l’altérité, dans l’oscillation systémique et au travers toutes les nuances de la multidimensionnalité et à partir du cœur centrique, la différence n’est plus perçue comme un danger ou une menace de perdition, car il y a capacité de se tenir en équilibre entre ces deux espaces avec amour, avec respect peu importe le vêtement, le mot, la formule et la façon.
L’autre est libéré du moi et de son emprise et il peut alors être lui tout en étant soi.
En acceptant la totalité de ce que je peux être, je peux donc offrir à l’autre la liberté d’être ce qu’il est.
Sans honte, doute ni culpabilité. Je peux libérer l’autre de toute rentabilité, de tout assujettissement au phénomène et à ses effets.
Alors je peux accepter ou être à l’aise et laisser être des choix que je ne ferais pas moi même simultanément avec la volonté et le respect de m’offrir ceux qui me conviennent, en vivant correctement dans mon espace intime avec la conscience sereine de ces deux espaces concomitants, co-existants qui ne s’offusquent plus que d’autres s’offrent cette liberté égale sans que cette liberté n’altère, n’enlève ou ne rajoute à la sienne un poids bon ou mauvais mais ouvre un espace de paix pour être et de créativité par un grand soulagement, une libération que chacun soit à sa place et responsable de son propre bien être, de son parcours, de son discernement et soit libéré des lourdeurs du non soi, de ses turpitudes et allégé puis affranchi des dictatures stratégiques, compulsives ou vertueuses.